Société

La sans-abri noire de Mérode

Parfois, il y a des gens qu’on croise, qu’on remarque, puis qu’on oublie aussitôt. C’est souvent le cas des sans-abris…
Après on les revoit, on se souvient qu’on les avait déjà vus, et puis à force, ils commencent à faire partie du décor de nos itinéraires journaliers. On commence même à penser à eux quand on va atteindre l’endroit où on les voit d’habitude. Et on se dit : « Tiens, est-ce qu’il / elle sera là aujourd’hui? », un peu machinalement.

J’ai une sans-abri comme ça, que j’avais vue pour la première fois à la fin de cet été, en haut de la station de métro Mérode à Bruxelles. Ce qui m’avait frappé, ce n’était pas tant qu’elle était sans-abri, elle avait même pas l’air d’une sans-abri en fait. Non, ce qui avait attiré mon attention, c’est qu’elle parlait toute seule. C’est comme s’il y avait quelqu’un près d’elle, avec qui elle était en grande conversation. Elle riait avec cette personne aussi. Mais en réalité elle était toute seule. Et elle n’avait pas d’oreillette, j’ai discrètement vérifié. Elle n’était tout simplement pas seule dans sa tête.

C’est une femme noire d’environ 50-60 ans. J’ai compris qu’en réalité elle était sans domicile fixe quand j’ai commencé à la voir tous les matins, couchée sous une couverture le plus souvent, à l’entrée chauffée des portiques de Mérode en face de la boulangerie en sous-sol. Et j’ai commencé à me dire : « Comment ça se fait qu’une femme de cet âge, qui a peut-être besoin de soins traitant d’une certaine maladie mentale, se retrouve seule comme ça dans la rue ? » Est-ce qu’elle n’a pas de famille ? Est-ce que quelqu’un sait où elle est ? Est-ce qu’elle peut, une fois par semaine au moins, avoir un lit, un repas correct et prendre une douche quelque part ? On dirait que oui, pendant le weekend. Le lundi elle a l’air mieux que d’habitude, plus propre et plus en forme. Et quand il fait beau elle sort dehors dans la rue. Et elle reparle toute seule à son ami(e) imaginaire.

En théorie personne ne se pose trop de questions sur les sans-abris. Les gens ont pitié de certains, en ignorent d’autres qui sont le plus souvent alcooliques, et se méfient de ceux qui sont cinglés. Mais ce que les sans-abris suscitent en général chez les gens, c’est un certain malaise. Tout le monde préfèrerait qu’il n’y en ait pas dans les rues ou les métros car ça prouverait que notre société est en meilleur état que ce qu’elle est.

Qui pense réellement à eux ?

Avec mon blog (bon c’est clair que cet article-là il est pas supra-marrant lol), j’aimerais, si possible, apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes. Ce soir, grâce à vos yeux qui lisent cet article, la dame noire de Mérode aura au moins quelques pensées tournées vers elle. Elle ne fera pas face à l’indifférence générale et ne sera plus seule l’espace de cette lecture. Bon, c’est vrai qu’elle ne le saura pas et qu’elle n’était déjà pas complètement seule dans sa tête, mais bon 😉

B.A ! 🙂
Bonne soirée !

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